Plantes rares de la tourbière Cikwanikaci
Au Québec les plantes dites rares se partagent en trois groupes :
menacées, vulnérables et susceptibles.
La
tourbière Cikwanikaci héberge une plante d'intérêt et trois plantes susceptibles
éventuellement de recevoir une protection légale.
L’aréthuse bulbeuse (Arethusa bulbosa) :
cette très belle orchidée printanière compte plus de mille
individus, ce qui en fait une des occurrences les plus importantes
du Québec. Elle porte une fleur unique rouge et se développe
uniquement dans la sphaigne, en plein soleil ou dans des endroits
semi-ombragés. Elle n’a pas de feuille, son bulbe, enfoui dans la
sphaigne, en joue le rôle. Une fois la floraison passée, la fleur se
flétrit et la plante disparait complètement.
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Le droséra à feuilles linéaires (Drosera
linearis) : il s’agit d’une petite plante carnivore, discrète,
présente dans la tourbière en deux petites colonies d’une
cinquantaine d’individus chacune. Plusieurs botanistes ont tendance à
la confondre avec une espèce voisine, le droséra d’Angleterre (Drosera
anglica) et le nombre d’occurrences en Abitibi-Témiscamingue
est sans doute moins grand que celui officiellement recensé. Le
limbe de ses
feuilles a environ 2 mm de largeur par 10 à 30 mm de longueur.
Dans la tourbière Cikwanikaci, il est difficile à repérer de par
la surabondance des populations des diverses espèces de droséras.
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L’éléocharide de Robbins (Eleocharis
robbinsii) : cette espèce se réduit à une tige triangulaire
d’environ 40 à 50 cm de hauteur, à quelques feuilles allongées très
étroites et se termine par un épi très discret pas plus large que la
tige elle-même et aussi vert. Si son identification est facile, la
repérer dans une tourbière devient une tâche très difficile. Elle
croît sur le bord d’un flark (petite mare allongée) et se confond
facilement avec les hautes herbes de la tourbière. À Cikwanikaci,
une vingtaine de tiges fertiles ont été repérées. Elle est très
rare dans tout le Québec et cette occurrence, unique à cette
latitude, se trouve à 300 km au nord de son aire
traditionnelle. Détail intéressant, on a ici la seule
occurrence connue dans une tourbière sur sphaigne.
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L’utriculaire à scapes géminés (Utricularia
geminiscapa) : cette autre plante carnivore flotte plus ou
moins librement dans l’eau de quelques flarks. Les tiges et les
feuilles sont formées de segments très filamenteux et très
imbriqués les uns dans les autres : les dénombrer devient
impossible. De par la densité des populations, on devine que
chacune des colonies est formée de plusieurs centaines
d’individus. Cette petite plante également discrète
possède deux types de fleurs. Les fleurs ordinaires jaunes
dites phanérogames émergent de l’eau sur une hampe florale
haute d’environ 10 cm. Les fleurs cléistogames demeurent
dans l’eau et ne s’ouvrent pas : elles ressemblent à de minuscules
boutons jaune-vert. Les fleurs cléistogames semblent plus abondantes
que les fleurs jaunes ordinaires.
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Forêt refuge de la Rivière-Laflamme
En 2016, le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune,
Direction de l’aménagement et de l’environnement forestiers, accorde
à environ 60 % du territoire de la tourbière le statut d'écosystème
forestier exceptionnel, portant le nom de Forêt refuge de la
Rivière-Laflamme.
Il s'agit de protéger les trois plantes rares et le territoire qui
les supporte de toutes perturbations industrielles et/ou
commerciales.
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